Marillion.com

"We get the dreams that we deserve, the magazines that we deserve, page one and three that we deserve"

-Deserve-

Après l’album Radiation qui en a troublé plus d’un par son côté « Nous ne sommes pas forcément un groupe de progressif », voici Marillion.com, produit par Steve Wilson, le leader de Porcupine Tree. Personnellement, je range cet album dans le même tiroir que celui de Radiation, aucun doute là-dessus. Si quelqu’un voit un retour au source Néo-prog quelqu’il soit avec cet album, qu’il me fasse signe car j’ai beau écouter cet album depuis très longtemps, rien à faire, Marillion depuis Radiation est bel et bien un nouveau groupe. Cela étant dit, il faut prendre cet album comme il vient et ne pas se limiter à des préjugés de « fans de Marillion ». C’est un très bon album, avec de très bons musiciens dont un grand chanteur à la voix splendide. Pour moi, Marillion.com est un album de pop rock très abouti, et en ce sens, je crois qu’il aurait pu avoir beaucoup de succès auprès du grand public si le groupe n’avait pas ce « casier judiciaire » progressif auprès des fans de la première heure. Comme pour Genesis, le groupe aurait peut-être eu intérêt à changer de nom, pour éviter à certains de se méprendre sur le contenu et à d’autres au contraire de s’intéresser à cet album. Mais voyons un peu ça morceau par morceau…

-A Legacy : Belle intro, un peu atmosphérique, très douce puis ça part d’un seul coup avec la batterie pour un refrain sous forme de questions/réponses à la voix. J’aime vraiment beaucoup les passages les plus calmes, les parties les plus envolées me rappellent « Cathedral Wall » de Radiation, la fin voix/arpège de guitare acoustique est vraiment très belle.

-Deserve : Alors là surprise, un morceau pop par excellence mais avec une identité qui lui est propre, notamment au niveau de la présence (Relative) du saxo. Un morceau accessible, des paroles plus légères dans l’écriture. Un morceau très agréable mais je regrette que la batterie soit parfois trop « simpliste », un peu lassante.

-Go ! : Un morceau plus long, calme et plutôt planant, agréable à l’écoute mais certains passages sont vraiment terriblement pop voire déjà entendus.

-Rich : Excellent morceau, une pop à l’américaine assez inhabituelle pour le groupe, c’est assez osé, c’est très réussi, le refrain y est prenant et le pont de fin dans un esprit plus 70’s fait penser au Doors.

-Enlightened : Une chanson très douce, ça s’écoute mais rien de bien transcendant.

-Built-in Bastard Radar : Un bon rock avec gros riff de guitare genre seventies, j’aurais jamais imaginé il y a quelques années que Marillion composerait ce genre de morceau. Ne cherchez pas le côté progressif, y’en a pas.

-Tumble Down The Years : Une jolie petite ballade mid-tempo mais j’ai l’impression qu’on nous spolie… J’ai une incroyable sensation de déjà entendu avec ce morceau. Cela dit, la mélodie est bien belle et l’ambiance générale incite au voyage, bonne production également.

-Interior Lulu : 15 minutes… Hum, intéressant… Le morceau commence calmement, avec pas mal d’effets d’ambiances, l’ambiance de l’intro rappelle un peu « Hope For The Future ». Ca enchaîne ensuite sur un solo de clavier assez étrange, sur un rythme plutôt rapide et assez tordu. La suite devient plus sombre, plus intense peut-être. Au final, un morceau certes assez long et plus progressif que le reste de l’album mais je trouve ce morceau pas très naturel, genre, on fait un long morceau pour satisfaire nos vieux fans… Mais ça s’écoute quand même…

-House : Tiens donc, changement de style avec cette chanson, c’est très soft, limite trip-hop, là encore, le clivage entre ce genre de morceau et des albums comme Brave ou Afraid Of Sunlight est énorme. Nagerait-on en plein cauchemar ? Pas vraiment, il faut aimer le style, le côté un peu « mou », mais c’est pas mal. Cependant, le solo de saxo et l’ambiance générale, il faut aimer.

Alors que dire de cet album ? Difficile car le problème avec tous ces groupes qui ont créé leur propre style, qui sont les géniteurs d’une musique unique, propre qu’à eux (Genesis, Yes, The Corrs, les trois qui me viennent à l'esprit et qui ont été sévèrement incendiés pour le changement de style…), c’est qu’à chaque album, on les attend au tournant plus que certains groupes qui appliquent la même recette à chaque album… (Je pense à AC/DC, cible facile mais bien réelle). Je pense sincèrement que ces groupes sont prisonniers de leur style car quoiqu’il fasse ils seront critiqués, s’ils opèrent un changement de style comme Marillion depuis quelques années (Et Genesis, Yes et The Corrs, les meilleurs exemples à mes yeux), les auditeurs n’apprécieront pas, et s’ils n’appliquent pas de changement pour se renouveler, on les accusera de stagner. Le plus triste c’est que c’est groupes magiques sont irremplaçables et c’est bien là le problème, si Marillion change son fusil d’épaule, pas de problème, c’est légitime et compréhensible, mais difficile à avaler car on ne peut pas aller voir ailleurs, tant ce groupe et unique et peut-être que le groupe ne se rend pas bien compte à quel point il est irremplaçable et c’est dommage. Donc oui au changement et au renouvellement mais non à la perte d’identité. Quand on regarde la carrière de Led Zeppelin, tous leurs albums, plus magiques les uns que les autres sans pour autant se ressembler, et aussi Iron Maiden qui a récemment prouvé avec son Brave New World que le renouvellement été possible. Voilà mon constat, je trouve que le groupe perd un peu plus de son identité avec cet album alors que je suis sûr qu’il aurait pu très bien se renouveler en gardant cette magie qui nous hante chaque jour au travers d’albums désormais mythiques pour beaucoup ( Seasons End, Brave, Afraid Of Sunlight, entres autres…). Mais ils sont libres et vive cette liberté mais Marillion avec Steve Hogarth des débuts me manque cruellement... Un album à faire découvrir aux amateurs de pop/rock.

Note : 7,5/10

Par Julien, Mars 2001.

Année : 1999

Note moyenne : 6/10

Style : Pop Rock abouti

 

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