Aenima

"You've claimed all this time that you would die for me,

When then are you so surprised to hear your own eulogy ?"

-Eulogy-

Voici le dernier album studio en date du groupe Tool. Ca fait 5 ans, et c’est bien le temps qu’il faut pour se remettre d’une telle œuvre, car découvrir ce groupe et notamment cet album, c’est découvrir tout un univers, assez perturbant. Voyons cela morceau par morceau :

« Stinkfist » : Ce premier morceau définit assez bien le style du groupe. Un style relativement indéfinissable tant on nage en territoire inconnue. On pourrait appeler ça du metal torturé, imprévisible et assez original avec des guitares assez saturées, parfois très expérimentales, parfois même dissonantes. Le travail sur la voix est remarquable, le morceau commence sur un couplet très calme, avec une voix qui se fait tout doucement entendre pour terminer sur un refrain très puissant, plein de rage.

« Eulogy » : Mon morceau préféré. Le plus progressif, n’ayons pas peur des mots. L’intro est très étrange dans les sons, on sait pas trop où le groupe veut nous emmener, la batterie arrive avec la guitare, puis suit la voix, le morceau décolle aux alentours des 2mn40 vers un refrain bien puissant. Certains passages sont très atmosphériques, oppressant, et ça décolle une nouvelle fois, les rythmes de batterie sont excellents, variés et bien audibles. Certaines parties sont assez violentes, notamment à la fin du morceau où le chanteur explose comme les paroles le suggèrent (« To ascend you must die, you must be crucified… »). 8 minutes en tout cas très très sombres.

« H » : C’est reparti pour 6 minutes avec ce morceau tout en subtilité, la voix de Maynard est pleine de feeling au début du morceau. Un morceau qui monte progressivement en puissance. Une fin explosive.

« Useful Idiot » : Une interlude faîte de bruitage assez énigmatique…

« Forty Six & 2 » : Une intro arabisante à la guitare, des percussions, une voix très discrète, une fois de plus c’est le calme avant la tempête, la violence est très bien maîtrisée et souvent retenue pour mieux éclater dans différents breaks. La batterie est excellente une fois de plus.

« Message To Harry Manback” : Une nouvelle interlude qui laisse une impression vraiment étrange, presque malsaine, il s’agit en fait d’un message de menace qui n’est pas l’œuvre du groupe (D'où le « fucking americans… Yankee… »), seule une ligne de piano vraiment très triste a été rajouté. Vous trouverez plus d’informations dans la FAQ. C'est en tout cas très troublant.

« Hooker With A Penis » : Cette fois, il s’agit d’un morceau plus direct, moins progressif que les précédents mais tout aussi intéressant, pfff, quelle batterie ! Le chant est assez agressif. Un morceau violent et oppressant avec de grosses guitares saturées.

« Intermission » : Nouvelle interlude au clavier genre musique de manège, surprenant.

« Jimmy » : Un gros riff de guitare bien gras comme intro, puis c’est aérien, avec une voix planante et ça redevient plus violent, bref, un sacré tour de montagne russe accompagnée d’une batterie décidément bien inspirée et présente.

« Die Eier Von Satan » : Une interlude en allemand cette fois, là encore très énigmatique et perturbant, ce passage a valu au groupe d’être pris pour des nazis, il faut dire que ce discours en allemand est très subjectif dans l’intonation, cela dit, quand on s’intéresse un peu aux choses avant d’en déduire des conclusions atives, on apprend qu’il s’agit en fait d’une recette pour des cookies sans œufs !

« Pushit » : Un morceau brilliant de 10 minutes, même formule que pour les précédentes chansons, les ambiances calmes cohabitent avec des parties plus envolées et violentes. Le break à la 5ème minute est vraiment planant et laisse présager le pire pour la suite, c’est à dire le meilleur, le morceau s’enflamme à la fin.

« Cesaro Summability » : Des bruitages, un bébé qui pleure… Etrange…

« Aenema » : Près de 7 minutes de torture mentale pour un morceau sombre, aux paroles terriblement dépressive (« Some say the end is near, some say we’ll see armageddon soon… ») et engagées (« Fuck smiley glad-hands with hidden agendas ») et à la musique complètement barrée.

« (-) Ions » : 4 minutes de bruitages… Etrange bis.

« Third Eye » : Le morceau le plus long de l’album, près de 14 minutes. Un début très atmosphérique, avec un discours sur les drogues à prendre je suppose (ou espère) au second degré. Le chant arrive au bout de 2mn30 d’expérimentations. On sent qu’ils se retiennent, on sent qu’ils cherchent à contenir leur violence mais ça monte progressivement, et ça éclate inévitablement pendant un court instant. Puis le morceau continue son petit bonhomme de chemin entre expérimentations, rythme de batterie tordus et passages violents (les plus violents de l’album d’ailleurs). On sort de ce morceau un peu perturbé quand même.

Après l’écoute d’un tel album, on reste assez perturbé. C’est terriblement sombre et c’est ce côté sombre et déprimant qui déplaira à certains. Cela étant, pour les autres, qui ne recule devant rien, et bien, cet album est un petit bijou, je suis resté fasciné par la gestion de la violence, la maîtrise de celle-ci qui m’a tout de suite fait penser à Pain Of Salvation. C’est musicalement bien sûr assez différent et pourtant, dans l’approche musical, dans les textes réalistes, dans les ambiances contrastées et cette retenue pour mieux exploser par la suite, ce sont tous ces éléments qui rapprochent ces deux groupes. Et puis, on ne peut pas passez à côté du chant hallucinatoire de Maynard James Keenan et le batteur m’a également beaucoup surpris, son jeu est très diversifié, pas forcément hyper technique mais des rythmes et des petites choses qui font toujours mouche. Enfin, les paroles sont énigmatiques, étranges, à prendre au second degré, c’est un univers parfois franchement glauque, en découvrant cet album, on a envie d’aller plus loin et de comprendre ce que le groupe dénonce ou le message qu’il tente de faire passer, ce qui n'est pas toujours évident. Tool est un groupe qui vous fait vous poser beaucoup de questions, et cet album confirme la règle. (Vous trouverez quelqu’unes des réponses à vos questions dans la faq). 

Note : 9/10

Par Julien, Mars 2001.

 

Année : 1996

Note moyenne : 9/10

Style : Metal torturé très sombre

 

Personnel :

-Maynard James Keenan : Voix

-Adam Jones : Guitare

-Justin Chancellor : Basse

-Danny Carey : Batterie

 

The Tool FAQ